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4 étapes pour s'affirmer à un proche qui consomme

4 étapes pour s’affirmer à un proche qui consomme

De façon générale, s’affirmer est un gros défi pour plusieurs personnes, encore plus lorsqu’il est question de s’affirmer à un proche qui consomme. Il y a souvent des peurs, des inquiétudes ou des craintes à s’affirmer; pas de chicanes, pas de conflits s’il vous plaît. Ironiquement (ou pas), lorsque l’humain ne s’affirme pas, il refoule ses émotions. Il finit par exprimer cette « non-affirmation » par des comportements, des paroles ou des pensées qui sont plutôt dans le spectre du négatif. Que ces actions soient volontaires ou non, elles reflètent rarement le besoin réel de la personne et mènent souvent à des conflits. La communication non violente est une méthode de communication qui t’aidera à savoir par où commencer pour utiliser les 4 étapes pour s’affirmer à un proche qui consomme.

S’affirmer c’est quoi?

Guillaume Dulude, neuropsychologue, conférencier et auteur, décrit la communication interpersonnelle comme un sport de précision. L’Humain passe sa vie à communiquer dès sa naissance jusqu’à sa mort. Malgré qu’il passe sa vie à communiquer, il n’est pas toujours conscient qu’il communique et par le fait même ne pratique pas toujours son « sport de précision » correctement. Dans son livre : Je suis un chercheur d’or — Les mécanismes de la communication et des relations humaines, Dulude parle de la communication avec brio, ingéniosité et délicatesse en 564 pages.

Ici, ce qu’il faut retenir ici, c’est que s’affirmer, qui est en soi une forme de communication, est loin d’être un concept simple. S’affirmer ce n’est pas simplement une question de mot, c’est beaucoup plus complexe.

Nous décrivons l’affirmation comme « l’art de prendre contact avec son ressenti et d’instaurer un climat favorable à la communication. » Heureusement, il existe des bases simples pour savoir par où commencer.

Pourquoi utiliser les 4 étapes pour s’affirmer à un proche qui consomme?

Autrement dit, s’affirmer est une façon de mettre une limite, d’exprimer quelque chose à quelqu’un, que cette personne soit près ou loin de toi. Ne pas t’affirmer auprès de quelqu’un a des conséquences. Souvent, le résultat de ne pas t’affirmer, c’est l’accumulation. La plupart du temps, l’accumulation mène à des crises, des conflits, des chicanes, des froids, tu vois où je veux en venir. Au bout de compte, quand tu ne t’affirmes pas, c’est à toi que tu fais du mal. En plus, ce sont toutes des situations négatives qu’à la base tu voulais éviter en ne t’affirmant pas.

Pourquoi toujours attendre la « goutte qui fait déborder le vase? » T’affirmer implique de prendre un risque que ton affirmation puisse déranger l’autre. La peur de blesser, de faire du mal ou d’avoir des conflits est généralement des choses qui empêchent de s’affirmer. Au bout du compte, de ne pas t’affirmer, c’est toi que tu n’écoutes pas. Tu risques de demeurer inquiet, insatisfait, triste ou fâché pour épargner l’autre. Un jour, ces émotions vont refaire surface, de la bonne ou de la mauvaise manière, mais très souvent « ça sort tout croche ».

La communication non violente : une façon d’utiliser 4 étapes pour s’affirmer à un proche qui consomme

Pour te faciliter la tâche, voici 4 étapes pour s’affirmer à un proche qui consomme à l’aide de la communication non violente. Développée par Marshall B. Rosenberg, cette forme de communication est basée sur la compassion, la bienveillance et l’empathie.

A. L’observation

Cible un fait ou une observation spécifique que tu souhaites partager. Tourne ta langue 7 fois avant de parler et mets-toi en mode observateur. Ne porte pas de jugement ou d’interprétation à ce que tu observes, reste dans les faits. Le but est de demeurer le plus objectif possible.

Exemples : « quand tu bois la semaine », « quand tu t’endors sur le divan », « quand tu fumes dans le garage », « quand tu consommes devant les enfants ».

Évite des mots du genre quand tu bois « trop » ou quand tu « abuses » ou quand tu « évites » : reste dans les faits! Les faits sont des choses que tu pourrais observer sur une caméra, boire « trop » ça ne s’observe pas, c’est subjectif à chaque personne.

B. Les émotions

Quelle émotion vis-tu? N’ajoute pas de pensée, de justification ou de jugement à ton émotion. Prends 3 ou 4 grandes respirations et centre-toi sur l’émotion que tu vis. Résume ça à une émotion et commence ça par un bon vieux : je me sens.

Exemples : « je me sens fâché », « je me sens impuissant », « je me sens triste ».

Le but ici, c’est de te mettre toi à l’avant-plan. Si tu parles de toi, de ce que tu vis, il y a moins de chance que ton proche se sente attaqué ou menacé. Même si ce n’est pas naturel pour toi de nommer comment tu te sens de cette façon, dis-toi qu’il y a de bonnes chances que ton proche observe que tu fais différemment qu’à l’habitude.

C. Le besoin

Au fond de toi, c’est quoi ton besoin face à cette situation-là? Tu veux que ton proche arrête de consommer? Pose-toi la question, mais pourquoi? Sa consommation te dérange pourquoi? Est-ce que c’est parce que tu souhaites te rapprocher? Ton besoin ne doit pas être influencé par tes idées ou tes pensées. Ton besoin ne doit pas être un moyen pour atteindre ton objectif.

Exemples : « parce que je veux t’aider », « parce que je veux ton bien », « parce que je veux faire plus d’activités avec toi », « parce que je veux que nos enfants grandissent sans consommation », « parce que je veux retrouver la personne qui ne consommait pas », « parce que je veux avoir un mode de vie plus actif ».

Si quelque chose te dérange dans la consommation de ton proche, c’est qu’il y a très probablement un besoin à l’intérieur de toi qui n’est pas comblé. Identifier son besoin n’est pas toujours facile quand tout est mélangé à beaucoup d’émotions.

D. Le « souhait »

Que souhaites-tu en parlant avec ton proche qui consomme? Réfléchis à quelle action ou quel comportement aimerais-tu observer chez ton proche? N’impose pas ta demande ou ne la formule pas de façon à ce que ce soit un ordre.

Exemples : « je souhaite que tu sois plus impliqué avec les enfants », « je souhaite qu’on puisse faire une activité en fin de semaine », « je souhaite que tu me portes davantage d’attention », « je souhaite que tu me considères dans tes plans ».

Formule ton « souhait » en fonction d’autre chose que la quantité ou la fréquence de la consommation de ton proche. Tu lui as déjà dit à l’étape de l’observation que c’était en lien avec la consommation. Visualise ce que tu souhaites vraiment voir chez ton proche, suite à lui avoir exprimé ton besoin. Garde en tête aussi que c’est un souhait et non pas une solution magique. Après tout, il faut commencer quelque part.

Les 4 étapes pour s’affirmer à un proche qui consomme, c’est un sport qu’il faut pratiquer

Si on résume les 4 étapes pour s’affirmer à un proche qui consomme à l’aide de la communication non violente voici à quoi cela ressemble :

Quand j’observe A → Je me sens B → Parce que je veux C → Je souhaite D

Pratique-toi seul ou avec quelqu’un de confiance avant de parler à ton proche. N’oublie pas que tu as quand même appris à marcher avant de courir!

Toute chose prend de la pratique, même t’affirmer. Il se peut que la personne devant toi ait une réaction que tu ne souhaitais pas ou à laquelle tu ne t’attendais pas. C’est NORMAL, tu es en train de :

  1. Mettre une limite, une frontière claire
  2. Lui parler de TOI
  3. Lui dire « ça, je n’aime pas ça »

Après avoir utilisé la communication non violente pour t’affirmer à ton proche qui consomme il se peut que la personne interprète incorrectement ton message. En effet, la personne peut interpréter que tu ne l’aimes pas en tant qu’individu et non que tu n’apprécies pas un de ses comportements; il faut apprendre à lâcher prise. C’est plutôt difficile au début, mais tu te fais un beau cadeau en t’affirmant. C’est une belle marque de respect envers toi.

Parfois, il est facile de croire qu’étant donné qu’on ne consomme pas, nous n’avons pas besoin d’aide. Ne pas tombe surtout pas dans ce piège. C’est très difficile de vivre avec un proche qui a une consommation problématique. Va te chercher de l’aide. Aider un alcoolique, un dépendant, un joueur compulsif ou un cyberdépendant demande du temps, une expertise et beaucoup d’amour.

Tu t’es donné la chance de faire différemment en essayant d’appliquer ces 4 étapes pour t’affirmer à ton proche qui consomme? Sache que t’affirmer auprès de ton proche qui consomme est délicat. Bien que tu sois remplie de bonnes intentions, la personne devant toi vit elle aussi des émotions. Ses émotions ne sont pas toujours les mêmes que toi; il faut apprendre à mieux se communiquer, s’affirme pour mieux se comprendre. Voici 5 choses qu’une personne dépendante aimerait te dire.