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État de stress post-traumatique et consommation

État de stress post-traumatique et consommation

Chez les victimes d’état de stress post-traumatique, la consommation devient souvent un moyen pour éviter ou apaiser des symptômes difficiles. En fait, les symptômes peuvent être tellement souffrants, que la victime ne sait plus quoi faire pour se sentir mieux. La consommation d’alcool ou de drogue a un effet apaisant et euphorisant dans l’immédiat ce qui agit à titre de renforcement chez la victime : lorsque je me sens mal et que je consomme, ça fonctionne. Cette association encourage la victime à recommencer à nouveau, ce qui peut induire un trouble d’utilisation des substances en plus de l’état de stress post-traumatique. Non seulement la victime se retrouve ainsi coincée dans le cycle de la dépendance, mais également dans le cycle de l’évitement de l’évènement traumatisant. Ceci étant dit, la consommation pourrait altérer le prompt rétablissement du traumatisme et vise versa. C’est pour cette raison qu’il est important d’aborder les deux problématiques en même temps de façon à optimiser les résultats d’une démarche thérapeutique.

Qu’est-ce qu’un évènement traumatique?

À quoi pensez-vous lorsque vous entendez le terme état de stress post-traumatique? La majorité des gens vont penser aux anciens combattants ou encore aux victimes de gros évènements, tels qu’une catastrophe naturelle, un crime quelconque, etc. Oui, dans la plupart des cas, les victimes d’évènements de ce genre vont souffrir d’un état de stress post-traumatique, mais plusieurs en souffrent également après avoir vécu des évènements qui d’un point de vue extérieur peuvent sembler anodins pour certains.

Selon le DSM-IV, un évènement devient traumatisant lorsqu’il implique une menace de mort ou une menace grave à l’intégrité physique et qu’il entraine une peur intense, de l’impuissance ou de l’horreur chez la victime. Autrement dit, c’est un évènement lors duquel une personne aura peur pour sa vie ou pour la vie d’une autre. Évidemment, l’horreur présente lors de l’évènement ainsi que les aspects imprévisibles et incontrôlables sont des caractéristiques qui peuvent entrainer des séquelles post-traumatiques. De plus, il est important de savoir que ce ne sont pas toutes les victimes d’un évènement traumatique qui vont développer un état de stress post-traumatique.

Par évènement traumatisant, on peut s’imaginer les suivants :

  • Victime de négligence à l’enfance;
  • Carence affective à l’enfance;
  • Agressions (physiques et psychologiques);
  • Agressions sexuelles;
  • Violence conjugale;
  • Séquestration;
  • Torture;
  • Combat militaire;
  • Accident grave;
  • Catastrophe naturelle;
  • Être témoin d’un évènement traumatisant.

Comment savoir si je souffre d’un état de stress post-traumatique?

Évidemment, si vous avez été victime ou témoin d’un évènement traumatisant, n’hésitez pas à demander de l’aide rapidement. Un diagnostic médical est requis pour déterminer la présence ou non d’un état de stress post-traumatique, car plusieurs critères sont à considérer. Ces critères doivent être également présents depuis au moins 3 mois. Néanmoins, si depuis l’évènement traumatisant, vous avez l’impression de revivre l’évènement, si vous tentez d’éviter les contextes où vous pourriez y être exposé à nouveau, si vous être hyper-réactif et vigilant et que vous avez une importante altération de votre humeur, c’est le temps de demander de l’aide à un professionnel de la santé.

Comprendre l’état de stress post-traumatique

Il est difficile de se mettre à la place d’une personne ayant vécu un évènement traumatisant et de comprendre l’état de stress post-traumatique. Les victimes font souvent face à plusieurs tabous et sont incomprises par les autres. En effet, les personnes qui gravitent autour de la victime vont avoir tendance, avec toutes les meilleures intentions du monde, à vouloir pousser la personne à reprendre ces activités normales en minimisant ce qui a été vécu. Par exemple : “Tu n’as jamais eu d’accident de la route de ta vie, ce n’est pas juste un accident qui va t’empêcher de conduire à nouveau!

Malheureusement, ce n’est pas aussi simple que cela. Lors d’un évènement traumatisant, il se passe réellement un dérèglement au point de vue neurologique et psychologique qui peut prendre du temps à se rétablir.

Le rôle du cerveau

Le cerveau joue un rôle important lorsqu’il perçoit un danger. À vrai dire, il sécrète de nombreux neurotransmetteurs, dont l’adrénaline.  Cette hormone peut  être sécrétée dans plusieurs contextes, notamment lors de situations émotionnelles extrêmes  pouvant provoquer une attaque de panique ou une angoisse intense. Cette hormone est indispensable à notre survie lors d’un danger puisque c’est elle qui nous permettra d’assurer notre sécurité coute que coute. En effet, elle nous permet de poser des gestes de défenses qu’on ne pourrait pas nécessairement poser en temps normal, comme soulever des charges très lourdes, marcher avec un pied cassé, etc.

Bien que le cerveau soit bien fait au moment de l’évènement traumatisant, il se souvient de l’intensité de la peur vécue et peut envoyer des signaux de danger alors qu’il n’y en a pas nécessairement. Cela peut se manifester par des symptômes de reviviscences, tels que des sensations corporelles vécues lors de l’évènement, des cauchemars, des réactions émotionnelles, une sensation de revivre l’évènement, etc.

Le rôle du conditionnement

Mais ce n’est pas tout, le conditionnement joue également un rôle important. En effet, l’état de stress post-traumatique s’installe lorsque la victime fait des associations entre l’évènement en soi et les stimuli neutres qui étaient présents lors de l’évènement. Par exemple, une personne qui s’est fait frapper par un véhicule rouge pourrait faire un lien entre la couleur rouge et un signe de danger. Donc, chaque fois que la personne voit du rouge, des réactions émotionnelles pourraient s’en suivent et un état d’hyper vigilance pourrait également s’installer. Ainsi une grande quantité de stimuli neutres (bruits, objets, couleurs, luminosité, personnes présentes, etc.) peuvent devenir aversifs pour la victime et générer énormément d’anxiété, de détresse et de peur.

Le rôle de l’évitement

Qui ici aime s’exposer à des situations anxiogènes? Probablement peu. Le rôle de l’évitement consiste justement à “rassurer” la victime d’être exposée à nouveau à ce qu’elle redoute. Lorsque nous évitons une situation anxiogène, nous sommes renforcés négativement, c’est-à-dire que nous ne vivrons pas de stress. Par contre, en évitant, le cerveau assimile qu’il avait raison de nous faire croire que nous étions en danger, ce qui augmentera l’anxiété ressentie lors d’un prochain contexte. L’évitement est donc utile à très court terme, mais est néfaste à moyen et long terme.

Comment s’en sortir?

Heureusement, il y a des façons de s’en sortir. La première étape, c’est évidemment de demander de l’aide. Plusieurs organismes et cliniques privées existent et se spécialisent dans le traitement des états de stress post-traumatique. Saviez-vous que, dépendamment du traumatisme vécu, certaines compagnies d’assurances peuvent vous recommander un professionnel de la santé (psychologue, psychoéducateur) et ainsi, indemniser les dépenses qui y sont reliées? Ça vaut le coup de demander !

Voici les étapes à suivre pour mieux vivre avec un état de stress post-traumatique :

Demander de l’aide d’un professionnel de la santé.

Parler à son médecin est la première étape pour mieux vivre avec un état de stress post-traumatique. Le médecin peut ensuite recommander la victime vers les bonnes ressources d’aide (psychologue, psychoéducateurs, etc.).

Comprendre l’état de stress post-traumatique.

Chacun vit un évènement traumatisant à sa façon. Avec l’aide d’un professionnel, c’est possible de prendre conscience de plusieurs réactions ce qui souvent procure un sentiment de soulagement. Avoir une meilleure compréhension de la problématique aide au développement de l’auto-compassion.

Faire un travail sur les émotions.

La base pour mieux vivre avec un état de stress post-traumatique, c’est d’être en mesure de reconnaitre et d’identifier ses propres émotions et réactions émotionnelles liées à l’évènement. C’est également d’être en mesure de ressentir ses sensations corporelles et des associées à une émotion X. Par exemple : “Lorsque je ressens un point à l’estomac, c’est signe que je vis du stress.”

Mettre en place des techniques d’apaisement et de pleine conscience.

La meilleure façon de mieux vivre avec un état de stress post-traumatique, c’est d’accueillir les émotions difficiles qui sont présentes. Des techniques de respiration et de cohérence cardiaque peuvent être aidantes. Plus elles sont pratiquées, plus ce sera facile de les appliquer lors d’évènements plus stressants. De plus, l’état de stress post-traumatique place souvent la victime dans une anxiété constante. L’anxiété est générée lorsqu’on anticipe une chose que l’on redoute. Utiliser des techniques de pleine conscience, comme la technique 5-4-3-2-1, peut grandement aider à revenir au moment présent et diminuer l’anxiété vécue.

Faire un travail de restructuration de la pensée.

Comme mentionné ci-dessus, l’état de stress post-traumatique s’installe lorsque la victime fait des liens entre les stimuli neutres et la notion de danger. Si nous reprenons l’exemple de la voiture rouge, la personne doit être en mesure d’avoir une pensée plus réaliste face à la couleur rouge. Le fait de prendre conscience des interprétations et des liens qui ont été faits suivant le traumatisme peut aider à la victime à restructurer sa pensée en adoptant un discours plus réaliste et rationnel face à ce qu’elle a vécu.

L’exposition.

Plusieurs techniques d’exposition existent dans le traitement de l’état de stress post-traumatique. Il y a les techniques imaginaires qui ne peuvent qu’être mises en place par des psychologues ou psychothérapeutes, telles que l’EMDR (thérapie de désensibilisation par les yeux), la thérapie de la reconsolidation mnésique, la thérapie de libération émotionnelle (tapping), etc. Il y a également les techniques d’exposition in vivo qui consistent à s’exposer directement aux stimuli anxiogènes.

Enfin, pour favoriser le traitement d’un état de stress post-traumatique, la majorité des études s’entendent pour dire que l’exposition est efficace. En effet, elle permet de créer un phénomène d’habituation.  Évidemment, au départ l’anxiété sera élevée, mais au court de l’exposition, elle diminuera. La répétition de l’exposition est une façon de diminuer la peur.  

*** Il est important de pratiquer cette étape accompagnée par un professionnel de la santé ***.

Aborder le problème de consommation le plus rapidement possible.

La dépendance pourrait nuire au rétablissement de l’état de stress post-traumatique et vise versa. Il ne faut pas avoir peur de nommer la présence de ce problème pour ainsi optimiser les chances de réussites du traitement. Le groupe privé de la Clinique Addiction peut être un espace pour aborder votre problème de consommation.

En conclusion

Pour conclure, il importe de comprendre à quel point un évènement traumatisant peut être vécu difficilement par une personne alors que pour une autre, cet évènement n’aura aucun impact. En ce sens, la compassion envers les personnes qui souffrent d’état de stress post-traumatique est primordiale. Adopter une attitude bienveillante envers ces personnes pour qu’à leur tour elles soient en mesure de prendre soin d’elle et de se rétablir. Cela commence tout simplement par une bonne oreille pour écouter!

Besoin d’aide?

Plusieurs ressources existent pour les victimes d’état de stress post-traumatique. N’hésitez pas à les contacter pour obtenir de l’information sur les services qui pourraient s’offrir à vous!